L’esclavage moderne à nos portes

La plupart d’entre nous ont entendu parler de l’esclavage en cours d’histoire ou ont vu une vidéo en surfant sur Internet à ce sujet, bouche bée devant cette terrible réalité. Mais saviez-vous qu’au XXIe siècle, ce phénomène existe toujours et est considéré comme « esclavage moderne » ? Ce terme utilisé pour décrire des formes graves d’exploitation du travail, commence à susciter un intérêt croissant dans la recherche sur les entreprises et la société. Pourtant, le développement d’un champ de recherche sur l’esclavage moderne dans le domaine économique reste considérablement, et malheureusement, sous-développé.

Si cette pratique est souvent dépeinte par les médias occidentaux, à juste titre, dans des pays comme la Chine ou la Mauritanie, il n’y a pas besoin d’aller si loin pour être témoin de cette cruauté. Dans les locaux d’Amazon en Angleterre ou encore les conditions de travail des immigrés dans les serres du Sud de l’Espagne, tout ça en Europe, juste sous notre nez.

Par exemple, en Suisse, la main d’œuvre dans le domaine de l’agriculture est très souvent recrutée hors des frontières. Des hommes qui arrivent chaque année de l’étranger pour travailler de manière saisonnière dans les exploitations est monnaie courante. Certains n’ont pas de statut légal dans le pays et travaillent donc au noir. La pénibilité des conditions de travail et les bas salaires dissuadent très souvent les Suisses à s’engager comme ouvriers agricoles. Malheureusement, la réalité des conditions de travail et de vie de ces ouvriers est particulièrement difficile.

Quelles sont donc les raisons qui ont poussé des millions d’individus à accepter l’esclavage moderne sans même le signaler à leur ministère du travail ou à des autorités spécifiques ?  D’après des revues spécialisées, il y a entre autres la condition des chômeurs, contraints de signer des contrats peu satisfaisants et peu éthiques. L’isolement géographique fournit également une offre de main-d’œuvre abordable. Une fois sur place, les employés ne peuvent plus faire machine arrière. Souvent leur famille compte sur eux pour les financer. Il y a même certaines entreprises qui confisquent les passeports de leur personnel. Pire encore, certains ouvriers s’usent à travailler sous la pression et la menace. En définitive, la méconnaissance de l’esclavage et des droits de l’homme au XXIe siècle participe à inciter les gens à accepter n’importe quel type d’offre en pensant qu’ils seront libres et pourront sortir de leur prison actuelle.

« The last mile » : un aperçu de l’ambiguïté stratégique dans les chaînes d’approvisionnement

Le dernier kilomètre décrit le court segment géographique de la livraison de services ou de produits à des clients situés dans des zones denses. La logistique du dernier kilomètre est complexe et coûteuse pour les fournisseurs de biens et de services qui livrent dans ces zones. Parmi les problèmes que pose la livraison du dernier kilomètre, citons la réduction des coûts, la transparence, l’efficacité et l’amélioration des infrastructures. C’est aujourd’hui le plus grand défi pour toute entreprise de e-commerce.

Pour répondre à la demande ascendante de livraison rapide, les plateformes de vente en ligne font appel à des services tiers pour livrer les colis à leurs clients sur le dernier kilomètre. Après tout, en s’associant à des livreurs capables d’accélérer le processus, en apportant les produits directement devant votre porte, les géants de la distribution peuvent transformer leur livraison de quelques jours en une livraison le jour même.

Par exemple, depuis 2018, Amazon a créé un réseau de prestataires indépendants – Partenaires de livraison – (DSP – Delivery Services Partner). Ces petits entrepreneurs permettent à Amazon de superviser les livraisons dans toutes les régions du monde, sans embaucher directement d’employés. S’ils étaient employés, Jeff Bezos devrait payer tout un tas de prestations – les uniformes, les véhicules ou les allocations. La charge de travail est intense, 10, 12 parfois 14 heures de travail par jour. Tenu par des impératifs de temps, ces livreurs sont poussés à bout car traqués et sanctionnés s’ils ne respectent pas les délais.

C’est une course à qui livrera le plus vite. « Commandé aujourd’hui, livré demain. » Pourtant, derrière cette belle promesse se murent des livreurs sous pression, payés à la tâche et sans réelle protection sociale. En définitive, c’est joindre les défis logistiques aux menaces sociales.

La déshumanisation des travailleurs au profit du capitalisme

Cette manière de profiter des travailleurs établit le règne de l’argent au détriment de l’homme. Nul homme ne saurait, à moins d’être déshumanisé, accepter de s’évaluer par rapport à ce qu’il possède et être prêt à toutes sortes de servitudes au profit de l’autre par le seul fait qu’ils ont plus d’avoir que lui.

Selon l’organisation Anti-Slavery International, l’esclavage moderne est l’exploitation grave d’autres personnes à des fins personnelles ou commerciales. Ce dernier est présent tout autour de nous, mais souvent à l’abri des regards. Les gens peuvent se faire piéger en fabriquant nos vêtements, en servant notre nourriture, en cueillant nos récoltes, en travaillant dans des usines ou en travaillant dans des maisons comme cuisiniers, nettoyeurs ou nounous. Aujourd’hui, l’Organisation Internationale du Travail estime à 40 millions de gens esclaves dans le monde.

D’après le Stone Town Slavery Memorial à Zanzibar, les formes les plus courantes d’esclavage moderne sont : la servitude pour dettes, le travail forcé, l’esclavage des enfants, le mariage forcé et l’esclavage fondé sur l’ascendance. Souvent, les enfants des travailleurs asservis doivent continuer à travailler pour rembourser leurs dettes, ce qui conduit à des générations de familles exploitées. Il s’agit du type d’esclavage le plus courant aujourd’hui.

Sans oublier les personnes qui n’ont pas d’autres choix que de travailler pour satisfaire notre demande en produits et services bon marché. Une fois l’existence de l’esclavage et le lien avec nos vies admis, il est facile de se rendre compte de sa réalité.

L’esclavage moderne est loin de la traite transatlantique. Les chaînes ne sont plus représentées physiquement mais sous forme de pression psychologique. Les entraves sont devenues puissantes et invisibles. L’esclavage trouve ses racines dans la menace, la contrainte et le mensonge, il ne traite pas les individus comme des êtres à part entière mais comme des marchandises qui peuvent rapporter de l’argent.

Les spécificités des différents secteurs industriels et l’immense complexité des chaînes d’approvisionnement mondiales, où les entreprises peuvent avoir du mal à identifier les fournisseurs au-delà du premier ou du deuxième niveau, compliquent encore la lutte contre l’esclavage moderne.

Pensée sur l’esclavage

Finalement, selon la pensée controversée du philosophe Emmanuel Kant, il y a un grand paradoxe dans la lutte pour abolir l’esclavagisme : le désir commun et les bénéfices individuels.  

Pour s’y prendre, l’humanité doit rechercher à observer si elle peut vouloir une chose non pas en raison du bénéfice qu’elle en attend, mais inconditionnellement et séparément de toutes conséquences. Autrement dit, le premier désir suppose la mise en œuvre de moyens adaptés à la petite existence de chacun, alors que le second désir est universel et sans conditions. Et c’est à cette bonne volonté, à cette libre bonté, que l’humanité rend grâce à chaque fois que le cœur se soulève à l’idée de l’esclavage.

Il y a deux hommes en tout homme : le premier n’est qu’un individu et le second est un sujet.

Le premier est un égoïste, qui relève de l’habileté, du calcul ou de la prudence.

Le second est une subjectivité qui, en considérant que ce qui s’applique à moi vaut aussi pour tout homme, rejoint l’universel et donne ainsi le jour à la notion de dignité.

Sources:

http://www.youtube.com/watch?v=iSDQeGxnXyY

http://www.antislavery.org/slavery-today/modern-slavery/

http://www.bringg.com/blog/insights/delivery-in-age-of-amazon-introduction/

http://www.ecommercemag.fr/Thematique/logistique-1222/prestataire-logistique-2178/Breves/Logistique-urbaine-defis-dernier-kilometre-363892.htm

http://www.getstraightaway.com/blog-posts/how-amazon-can-use-straightaway-to-optimize-its-last-mile-delivery-process

A Bon Entendeur | Les forçats de l’agriculture suisse – YouTube

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